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Photo du rédacteurAidan Fox

Interview

J'ai répondu à une petite interview dans le cadre d'un étude universitaire récemment, j'ai pensé que ça pourrait vous intéresser, vous en apprendrez plus sur moi et mes écrits ! Bonne lecture :)


1 - Pour commencer, avec ce confinement, avez-vous pu créer et avez-vous eu de nouvelles idées par rapport à la situation sanitaire ?

Oui. Je n’ai pas souhaité écrire sur le sujet, d’une parce que beaucoup d’auteurs vont le faire, et de deux parce que je veux poursuivre des projets de fond et ne pas me disperser. Mais il est vrai que j’ai plus de temps pour écrire en ce moment. Je suis du genre à écrire seul, au calme, donc le contexte actuel m’est plutôt favorable J Côté commerce en revanche, le marché du livre papier est en berne, les librairies viennent à peine de rouvrir, et les événements sont annulés les uns après les autres (ils représentent pour moi une force de communication et une opportunité commerciale importante). Heureusement, les ventes de formats numériques se portent bien, avec un léger boost lié au confinement.


2- Qu’est-ce que c’est d’être auteur indépendant aujourd’hui ?

Un auteur indépendant, aussi appelé autoédité, c’est un auteur qui a fait le choix d’éditer ses livres par ses propres moyens. C’est-à-dire qu’il remplit lui-même les missions traditionnellement dévolues aux maisons d’édition par rapport à son produit livre, comme la relecture, l’illustration, la mise en page, la promotion et la communication, jusqu’à l’impression et la distribution. Pour chacune des étapes du processus, il peut bien sûr faire appel à des prestataires exactement comme une maison d’édition. C’est un travail très conséquent qui nécessite des expertises diverses. L’auteur indépendant qualifié est un véritable couteau suisse d’un point de vue compétences.


3- Auteur n’est pas votre seule activité, pourquoi ce choix ?

J’aime équilibrer. J’ai besoin de cet éventail d’activités diverses qui me permet d’épanouir les différentes dominantes de ma personnalité sans faire un choix trop sévère. Et puis, les revenus générés par l’édition ne me sont pas suffisants pour vivre. Je n’ai pas à rougir de mes chiffres, mais il est malheureusement aberrant de calculer un revenu horaire ou même journalier.. C’est un travail de passion.


4- Auteur de fantasy, quelles sont vos sources d’inspiration dans la littérature (univers Seigneur des Anneaux, steampunk…) et dans notre monde ?

La fantasy puise en effet une partie de ses sources chez Tolkien. Lovecraft a également participé à la fondation du genre dans sa composante horrifique et mythique… Les influences de la fantasy sont diverses. De manière générale, elle s’approprie les légendes de l’humanité, ses mythologies, et même ses faits historiques. Pour ma part, j’admire l’œuvre de Moorcock, de Gemmel, de Robin Hobb pour citer les anglo-saxons, mais également de Damasio et dans une mesure très différente de Pierre Bottero.


5- Dans vos deux trilogies principales, La fille de l’Eau et les Murmures du Shar, vous mettez les femmes à l’honneur, nous rappelant par exemple l’œuvre de Miyazaki. Pouvez-vous nous en dire plus ?

C’est bien la première fois qu’on met en valeur cet aspect de mon travail et c’est apprécié. Je suis profondément flatté que l’on compare mes œuvres à celles de Miyazaki. J’ai effectivement à cœur de présenter des personnages féminins (mais aussi masculins) débarrassés autant que possible des spécificités attachées à chacun des sexes par des schémas sociaux profondément ancrés dans notre inconscient collectif. Et comme cette question d’équilibre est cruciale pour moi et que j’ai déjà produit deux œuvres présentant des héroïnes, la prochaine série aura pour personnage principal un garçon !


6- En lien une de vos nouvelles personnifiant les émotions pour parler du viol. Comment vous est apparue cette idée ?

C’est une bonne question et je ne suis pas sûr de m’en souvenir… Ce qui est certain, c’est qu’il y a des sujets qui me touchent plus personnellement que d’autres et sur lesquels j’aime écrire à ma manière. La personnification est une figure que j’affectionne énormément et que j’utilise de plus en plus à la fois dans mes trames scénaristiques mais également dans le corps de mes textes. Quant à cette nouvelle, n’est qu’un avant-goût d’un roman que j’ai en tête qui aura pour thème les émotions et l’intellect…


7- Vous considérez-vous avec cela comme un auteur engagé ?

Une autre question pertinente que l’on me pose rarement. Oui, oui, et oui. Si j’écris, ce n’est pas pour moi, et malgré ce que j’explique sur le parcours d’écrivain qui écrit souvent d’abord pour lui puis s’intéresse à son lectorat et s’adapte à lui, je pense avoir toujours écrit pour les autres. Pour transmettre des messages, faire réfléchir. L’accomplissement de mon travail apparaît lorsqu’un lecteur discerne les références cachées dans le texte et absorbe les valeurs véhiculées. Mais je n’ai pas nécessairement besoin qu’il le fasse consciemment. Mes plus jeunes lecteurs n’identifient pas clairement ces éléments et pourtant, les idées se fraient un chemin dans leur inconscient et j’ai l’espoir qu’une fois confrontés à une situation complexe, cette lecture enfouie au fond de leur mémoire leur offre de quoi réfléchir et prendre du recul. C’est un travail très difficile que de construire une aventure haletante tout en insérant discrètement ce genre d’indices afin d’offrir une lecture au premier, au second, et même au troisième degré. Bien plus difficile que d’exposer ses opinions dans les textes ampoulés et pompeux pour lesquels une partie du lectorat français éprouve une admiration orgueilleuse sans même fondamentalement en saisir le sens.


8- Vos dernières créations sont des nouvelles post-apocalyptiques questionnant le monde, avec un certain regard distopique, est-ce une littérature que vous affectionnez ?

Ce sont des essais. Je suis sorti de ma zone de confort en m’essayant à la fois à la science-fiction et à la nouvelle. J’en ai tiré une certaine expérience et plusieurs constats, le premier étant que je n’aime pas le format de la nouvelle. Dans cet exercice, il ne faut jamais dévier de son unique fil conducteur et c’est très frustrant pour quelqu’un comme moi qui aime justement développer des trames secondaires, enrichir mondes et personnages, et offrir une vision solide d’un univers complexe (vous ne serez pas étonnée si je vous affirme cultiver une passion pour la géopolitique, la sociologie, mais aussi la physique et la biologie, sans oublier la psychanalyse…). En ce qui concerne la distopie, elle me fascine également mais comme le disent beaucoup d’éditeurs, nous vivons dans une époque stressée et la distopie, si elle joue parfaitement son rôle de lanceuse d’alerte, contribue à renforcer ce climat anxiogène.


9- Quels sont vos projets ?

Trouver un agent. C’est ma priorité du moment car je souhaite clôturer l’aventure indépendante pour passer du côté de l’édition traditionnelle dans un souci d’économie de mon énergie et de priorisation du travail qui fait ma véritable valeur : l’écriture. À propos des projets littéraires, j’ai dans les tuyaux un roman de chasse au trésor dans un cadre inspiré de l’antiquité égyptienne. J’ai aussi une série de dark fantasy sur le feu. Il y a bien sûr d’autres projets mais il est trop tôt pour vous en parler…


10- Quels conseils donneriez-vous à un jeune auteur ?

Connais-toi toi-même. Les paroles de Socrate sont applicables à n’importe quel aspect de la vie, car je suis convaincu que l’introspection est vectrice de bien-être, mais elles s’appliquent particulièrement bien au parcours de l’auteur – et plus généralement de l’artiste. Écris ce que tu aimes, pour toi si tu en as envie, pour les autres si partager est important pour toi. Cherche, tâtonne, essaye, plante-toi, recommence, renonce et change d’avis, mais trouve ce qui te plaît. J’ai tenté la nouvelle, j’ai découvert que ça ne me plaisait pas. J’ai écrit des livres-univers (romans dans lesquels l’intrigue sert à présenter un monde) et j’ai adoré ça. Maintenant, j’ai envie de poursuivre dans cette voie et c’est bien parce qu’elle m’éclate. Et ceux à qui ça plaît aussi m’y suivront.

Un autre conseil : soigne ton travail, mais accepte que le résultat comporte des défauts. Le perfectionnisme finit par éroder l’œuvre et crisper l’artiste.

Et enfin : crois en toi. La majorité des auteurs souffrent d’un syndrome de l’imposteur assez handicapant qui les amène à remettre en question leur légitimité. Aie confiance, choisir de parler de quelque chose te rend déjà légitime à t’exprimer. Ton unique point de vigilance est de rester respectueux et ouvert au dialogue. Donc sois confiant mais humble. Car tout est question d’équilibre, n’est-ce pas ?

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